mai 31

Maurice Pialat - l\'amour existeMaurice Pialat, cinéaste exigeant, aura donc été tout naturellement l’auteur d’une œuvre cinématographique à la fois réaliste et exigeante marqant ainsi à sa façon l’Histoire du cinéma. Dernier réalisateur français en date à avoir obtenu une Palme d’Or, son œuvre peut parfois agacer, dérouter mais ne laisse jamais indifférent.

Tout juste vingt après son geste de défi face au public des festivaliers cannois lors de la remise de son prix pour « Le soleil de Satan », c’est sans rancune que le festival lui a rendu hommage cette année en projetant un documentaire qui s’intitule « Maurice Pialat, l’amour existe ».

Le cinéma do PhanthéonEn France, ce documentaire sort cette semaine dans une seule salle : « Le cinéma du Panthéon ». C’est donc une bonne nouvelle pour vous qui possédez la carte « Le Pass ». D’autant plus que pour célébrer cet événement, cette superbe salle du Quartier Latin nous propose quelques séances spéciales.

En effet, ce soir Jeudi 31 mai et lundi 4 juin, les séances de 20h seront suivit d’un débat. Le débat de ce soir se déroulera en présence de Sylvie Pialat, veuve du réalisateur mais également productrice et scénariste. Seront également présents, Anne-Marie Faux et Jean-Pierre Devilliers, les réalisateurs du documentaire. Le débat de lundi ne se fera par contre qu’en présence des réalisateurs.

Pour compléter cet hommage, notons que le Cinéma du Panthéon projettera également trois films du réalisateur tout au long de la semaine : « A nos amours », « Sous le soleil de Satan », « Van Gogh ».

Alors il ne tient qu’a vous de profiter de cette occasion unique de vous (re)plonger pleinement dans l’univers de ce cinéaste.

Mr Vertigo

mai 11

Chères lectrices, chers lecteurs, j’ai eu la chance hier de pouvoir visionner pour vous le dernier film du réalisateur Thaïlandais, Apichatpong Weerasethakul. De ce fait, pour la première fois dans ce blog, j’ai l’opportunité de vous livrer, en avant-première, quelques clés ainsi que mon point de vue sur un film qui n’est pas encore sorti en salle. Une œuvre que je vous invite à découvrir dès le 13 Juin 2007 et qui vous fera voyager bien loin de votre quotidien.

syndrome and a centuryAprès « Blissfully Yours » et « Tropical Malady », Apichatpong Weerasethakul revient avec « Syndromes and a Century ». Un film qui semble raisonner comme le troisième opus d’une trilogie qui trouve son enfin épilogue comme le souligne lui-même le réalisateur Thaïlandais : « Blissfully Yours était, pour moi, un film sur le cinéma et comment je le perçois. Tropical Malady est plus directement personnel : il parle de moi. Et [Syndromes and a Century] parle de mes parents. J’ai le sentiment d’avoir atteint une certaine conclusion personnelle avec ce film, […] ».

syndrome and a centuryApichatpong Weerasethakul nous installe ainsi paisiblement dans ses souvenirs et ses introspections sur le présent en utilisant de nouveau le mode du diptyque avec une première partie évoquant la mère et une seconde le père. Tous deux étant médecins, le cinéaste grandira dans l’univers hospitalier de la campagne thaïlandaise, à Khon Kaen dans, le Nord-Est, près du Laos. Un univers qui lui sert ici de socle pour nous raconter son histoire entre Toey et Nohng à deux époques différentes.

syndrome and a centuryPeut être par respect pour eux, la pudeur marque une mise en scène sobre réglée au millimètre dans laquelle on ressent beaucoup de retenue et de délicatesse. En utilisant souvent le hors champ, les plans fixes dans lesquels les personnages sont tenus à distance ainsi que des jeux de lumières subtiles, ce film laisse une douce sensation de rêve partagé avec l’auteur.

syndrome and a centuryMarqué par l’antagonisme entre la modernité occidentale et les coutumes ancestrales incarnées par les personnages des moines, on perçoit que ce réalisateur est partagé sur la question de tout abandonner pour le jeans, la musique pop et l’industrialisation et garder un attachement profond avec la Thaïlande de ses ancêtres. Ainsi son propos réside dans le fait de ne pas choisir mais de trouver le bon compromis entre les deux.

syndrome and a centuryAinsi, il s’attaque à des symboles forts que la censure de son pays ne laissera pas passer. En le menaçant d’interdire la sortie du film en Thaïlande, on lui demandera de couper quatre scènes : un moine jouant de la guitare ; deux moines jouant avec un cerf-volant électrique ; un homme embrassant sa compagne dans une pièce de l’hôpital et un groupe de docteurs buvant de l’alcool dans le sous-sol de l’hôpital. Mais le cinéaste refusera catégoriquement de faire la moindre coupure en déclarant « En tant que cinéaste, je traite mes œuvres comme mes propres enfants. Lorsque je les conçois, c’est pour qu’ils vivent leur propre vie. […] Si elles ne peuvent pas vivre dans leur propre pays, pour quelque raison que ce soit, alors qu’elles restent libres. […] Sans quoi il n’y a plus de raison de continuer d’exercer son art. » Ainsi le film est à l’heure d’aujourd’hui toujours interdit en Thaïlande. Une pétition que je vous engage à signer circule d’ailleurs sur Internet pour la liberté d’expression du cinéma thaïlandais.

En attendant sa sortie en France le 13 Juin 2007, vous pouvez en profiter pour (re)découvrir « Blissfully Yours » et « Tropical Malady », tout deux disponibles en DVD.

Mr Vertigo