Fait incroyable de l’Histoire, soixante dix ans tout juste sépare le braquage de la Société générale de la rue Ordener à Paris le 21 décembre 1911 et celui de la BNP de la rue du Docteur-Blanche à Paris également le 29 septembre 1981. Au centre de ces deux braquages, sans aucun doutes les deux gangs les plus célèbres de l’Histoire de France : « la bande à Bonnot » et « le gang des Postiches ».
En 1911, « la Bande à Bonnot » fut le premier gang français à utiliser une voiture pour commettre un braquage prenant ainsi de cours les forces de l’ordre. De 1981 à 1986, « le gang des Postiches » fut alors peut-être le dernier gang français à utiliser un mode opératoire suffisamment sophistiqué pour déstabiliser une police inefficace laissant ainsi place aux fantasmes les plus fous.
Un peu plus d’un an après « Les Brigades du Tigre », l’Histoire du grand banditisme français revient sur nos écrans avec « Le dernier Gang ». Dans un contexte historique très différent, ce nouveau film raconte finalement la même histoire : Grandeur et décadence d’un gang face à des forces de l’ordre dépassées par les évènements.
A observer le gang d’André Bellaïche (devenu Simon Tolédano à l’écran), rien ne semble avoir fondamentalement changé dans la façon de procéder. La voiture reste toujours le moyen le plus efficace de s’échapper, la rapidité des actes est la clé du succès des opérations et la cohésion du groupe se trouve être l’ingrédient indispensable pour déstabiliser durablement la police. De plus, Vincent Elbaz incarne à merveille le « romantique bandit surdoué » qui fascine la gente féminine, ce qui est d’ailleurs un point commun à toutes les histoires de gangsters quelque soit l’époque.
Après Jérôme Cornuau, c’est donc Ariel Zeitoun qui s’y colle pour faire revivre la grande tradition du film de gangsters version française. Il faut dire, que l’histoire librement inspirée des faits réels, raconté par André Bellaïche lui-même ainsi que par d’autres protagonistes impliqués dans cette épopée, contient l’ensemble des codes nécessaires pour un excellent film de genre. Il aurait été donc impensable de rater une telle occasion même si, en la matière, la frontière entre un bon et un mauvais film est souvent fragile.
Plus inspiré comme producteur, le réalisateur de « Souvenirs, souvenirs » et du « Nombril du monde » avait donc un sacré défi à relever. Disons qu’a la hauteur de son talent, il a su faire un film honnête sans génie particulier. « Le dernier Gang » colle parfaitement aux différentes époques traitées. Il nous transporte avec brio des années 60 aux années 80, nous offrant ainsi une totale immersion dans l’histoire de ce gang. Après plus de deux heures de film on en redemanderait presque !
Enfin, comment ne pas penser à « Romanzo criminale » dont l’histoire n’est finalement pas si éloignée ? Bien qu’il s’agisse de pays et de contextes historiques et politiques différents, ces deux films nous emmènent tous deux au cœur d’un gang. Ils offrent ainsi de nombreuses similitudes tant dans la structure générale que dans le traitement de certaines scènes. Il est donc fort à parier qu’Ariel Zeitoun ait eu en tête le film italien, devenu depuis un classique genre, en écrivant et tournant « Le dernier Gang ».
Ainsi, en attendant « L’ennemi public N°1 » qui sortira en octobre 2008 et dans lequel Vincent Cassel incarnera Jacques Mesrine, faite-vous plaisir, replongez vous dans notre histoire nationale récente en dégustant le cru 2007 du film de gangsters version française. Un moment de cinéma à apprécier à sa juste valeur !
Mr Vertigo
Petit bonus à voir avant ou après la projection, au choix :
http://www.dailymotion.com/video/x37n7m_membre-du-gang-des-postiches-andre