Vu du canap, succombez aux châtiments suprêmes ! Les incontournables du Film Noir
oct 29

La force d’un film est souvent à la mesure du talent de son auteur et non de l’histoire qu’il raconte. C’est en assistant à la projection de « Paranoid Park » ce week-end que cette réflexion m’a sauté aux yeux.

Paranoid ParkLes faits relatés dans ce nouvel opus de l’œuvre de Gus Van Sant sont certes tragiques mais ne suffisent pas forcément à en faire une œuvre forte. Le traitement des images, la structure du récit, le choix de la musique et de la bande son en général ainsi que le choix des interprètes sont autant d’éléments de mise en scène qui permettent au cinéaste d’exprimer une idée, des sensations pour servir une histoire. Pour ce film, tous les choix sont à la fois bons et audacieux. Ils permettent une fois de plus de bousculer le panorama cinématographique et ouvrent de nouvelles voix à l’expression cinématographique.

Au delà de la forme, le fond du sujet nous plonge dans l’univers désenchanté de l’adolescence « made in USA ». Nous sommes alors loin du rêve américain. Il est vrai qu’en adaptant le roman de Blake Nelson, qui se déroule à Portland, Gus Van Sant n’a effectivement pas choisi de nous faire rêver. En sublimant le processus de réflexion d’un gamin qui plonge dans un repli sur soit saisissant face à ses choix, en démontant le mécanisme de ses pensées qui le pousse à agir face à l’impensable et à la culpabilité, le cinéaste nous bouscule, nous dérange et nous met mal à l’aise pour finalement nous transporter et nous éblouir dans un monde cotonneux ou tout se joue sur les non-dits.

Du haut de ses 55 ans, jamais un cinéaste n’a su porter un regard aussi juste sur la jeunesse d’aujourd’hui dans une Amérique sans idéal. La marque, sans aucun doute, d’un très grand cinéaste. Mais fallait-il encore en douter ?

Mr Vertigo



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