juin 06
Il est bon de pouvoir apprécier un film avec un minimum de recul face à une couverture médiatique outrancière qui peut parfois gâcher le plaisir de la découverte. C’est donc en essayant d’oublier l’accueil qui lui avait été réservé au festival de Cannes que nous sommes allés « déguster » le petit dernier de Pedro. Parfaitement calés dans notre fauteuil, nous nous sommes une fois de plus laissés porter par cet auteur qui, de film en film, construit une œuvre qui marquera de façon indélébile l’Histoire du cinéma.

VolverAprès avoir visionné « Volver », je ne saurais dire si c’est l’histoire incroyable qui vient servir le jeu des comédiennes ou si, au contraire, ce sont les protagonistes du film qui, par leur jeu si juste viennent servir cette histoire singulière. Le jury du Festival de Cannes n’a pas lui non plus, su trancher… Tant mieux !!!

Quatre femmes, trois générations pour un cinéaste qui ne cesse de sublimer la féminité dans sa grandeur et ses contradictions version ibérique. Ce qui surprend toujours dans le cinéma d’Almodovar c’est cette façon de mettre en image des histoires noires avec tant de couleurs et de contraste. Traitement de l’image si particulier qu’il est devenu sans conteste la signature qui fait qu’on peut reconnaître un film d’Almodovar au premier coup d’œil. Peu de cinéastes à mon sens ont, à ce jour, réussi ce tour de force identitaire.

Almodovar sait travailler en permanence des sujets graves, parfois terribles, avec suffisamment de tact et de finesse pour qu’on parvienne à rire de certaines situations, à s’attendrir sur les personnages et à prendre conscience que dans chaque drame de la vie il y a une part de légèreté qui rend l’existence plus supportable.

Ce traitement si particulier vous envahit alors d’un bien-être si profond que lorsque le dernier « fondu au noir » laisse place au magnifique générique de fin, un sentiment de légèreté vous prend pour vous ramener chez vous tout en douceur… On ne peut, à ce moment précis, que dire « Merci Pedro ! »

Sachez au passage qu’il est toujours agréable dans les cinémas d’« Art & Essai » de pouvoir apprécier le générique de fin, qui fait parfois partie intégrante de l’œuvre, salle éteinte.

Mr Vertigo

avr 10
mémoire d'une Geisha à l'arlequinCe soir-là, rue de Rennes, nous avions rendez-vous avec nos amis pour un voyage tout aussi palpitant qu’esthétisant : le monde des Geishas !

L’arlequin, cinéma au décor soigné à l’image d’un monde qui semble appartenir lui aussi au passé nous transporta bobines après bobines quelques soixante années en arrière dans un pays loin de notre quotidien : Le Japon.

Film à la plastique irréprochable et au scénario bien ficelé, « Mémoires d’une Geisha » nous entraîne dans le destin tragique de ces « femmes objets » éduquées pour distraire leurs clients par le biais de mises en situation très sophistiquées. Tous les ingrédients sont subtilement dosés pour en faire un divertissement très réussi.

Seul petit bémol : Ces destins tragiques sont ici romancés sur le mode « hollywoodien ».Et si ce film nous transporte par sa beauté esthétique, on ne peut que regretter qu’il n’ait été une œuvre purement japonaise. Cela aurait permis de donner plus de force et d’intensité dramatique à cette histoire, notamment par le biais de la langue parlée (ici l’anglais et non le japonais) !

Mr Vertigo