avr 10
mémoire d'une Geisha à l'arlequinCe soir-là, rue de Rennes, nous avions rendez-vous avec nos amis pour un voyage tout aussi palpitant qu’esthétisant : le monde des Geishas !

L’arlequin, cinéma au décor soigné à l’image d’un monde qui semble appartenir lui aussi au passé nous transporta bobines après bobines quelques soixante années en arrière dans un pays loin de notre quotidien : Le Japon.

Film à la plastique irréprochable et au scénario bien ficelé, « Mémoires d’une Geisha » nous entraîne dans le destin tragique de ces « femmes objets » éduquées pour distraire leurs clients par le biais de mises en situation très sophistiquées. Tous les ingrédients sont subtilement dosés pour en faire un divertissement très réussi.

Seul petit bémol : Ces destins tragiques sont ici romancés sur le mode « hollywoodien ».Et si ce film nous transporte par sa beauté esthétique, on ne peut que regretter qu’il n’ait été une œuvre purement japonaise. Cela aurait permis de donner plus de force et d’intensité dramatique à cette histoire, notamment par le biais de la langue parlée (ici l’anglais et non le japonais) !

Mr Vertigo

avr 04
Cinéma indépendant ne rime pas forcement avec « film exigeant ». La preuve : « La doublure » vue à la Pagode. Le cinéma est un art populaire et se doit de proposer des films destinés au plus grand nombre au risque d’y perdre son âme. La chose est entendue. Aussi, rien de plus normal que de diffuser un cinéaste qui a contribué à faire rire aux éclats plusieurs générations. Du scénario du « Grand blond avec une chaussure noire» en 1972, au « dîner de con » en 1998 en passant par « La Chèvre » en 1981, Francis Veber a su signer des films qui ont incontestablement marqué notre mémoire collective. 

Barrage - Le filmPourtant, avec « La doublure », même en prétendant rester dans la grande tradition de « la comédie à la française », Francis Veber n’est plus que l’ombre de lui-même. Et même si la distribution pioche parmi les acteurs les plus populaires du moment, cela ne suffit pas à faire décoller ce film destiné à être un divertissement « léger ». Décidément trop « léger ».

Il faut dire que la bande annonce laissait présager une comédie réussie. Mais voilà le problème : les gags les plus désopilants étaient dans la bande annonce ne laissant au spectateur que quelques miettes et aucune surprise à la projection… Marketing réussi pour un film qui, avec une intrigue prometteuse, retombe comme une mayonnaise qui ne prend pas. Dommage !

Ceci dit, on peut comprendre que face à un nom comme Francis Veber, la Pagode joue la carte du cinéma populaire. Mais cela ressemble pourtant à une erreur de programmation.

Mr Vertigo

mar 28
Pour la première semaine de ce blog dont le principe est de vous donner envie de fréquenter les cinémas indépendants de la capitale, l’Espace Saint Michel ne pouvait nous faire plus beau cadeau.

Barrage - Le filmDans cette salle à l’atmosphère d’un autre temps situé bien en dessous des pavés parisiens, on sent tout de suite que des générations de cinéphiles ont descendu ces marches jonchées d’affiches de films aussi mythiques les uns que les autres pour nous conduire dans cette endroit magique habillé de fauteuils rouge.

Pourtant ce n’est pas avec le passé et l’Histoire du cinéma que j’avais rendez-vous ce soir là mais avec son avenir.

Barrage - Le filmDécouvrir un premier film a toujours été pour moi une expérience enrichissante. Etre au rendez-vous d’une œuvre naissante c’est un peu comme ouvrir un livre à la première page. Et je dois dire que celle-ci fut une très agréable surprise.

Fraîchement sortit de la FEMIS, Raphaël Jacoulot nous livre avec « Barrage » une première œuvre remarquablement maîtrisée en tout point.

L’écriture très sèche et minimaliste de cette histoire d’amour à la fois surprenante et effrayante laisse toute la latitude nécessaire à l’équipe qui entoure Raphaël de soigner son travail avec précision.

La photographie superbement maîtrisée de Benoît Chamaillard nous plonge dans une atmosphère inquiétante face à des paysages où le soleil essaye en permanence de percer les brumes et les nuages de Franche-Comté. Ce qui donne une lumière très douce en contraste permanant avec la violence intérieure des personnages.

Cette atmosphère est par ailleurs appuyée par le montage très elliptique de Mirjam Strugalla qui distille avec pudeur et retenue les clés de cette histoire singulière donnant une force particulière au récit. Le tout ponctué par la discrète musique de Olivier Pianko.

Mais si ce travail d’écriture cinématographique est si réussi c’est surtout parce qu’il laisse toute la latitude nécessaire aux deux comédiens principaux pour exprimer leurs personnages avec une justesse bouleversante.

En effet, Nade Dieu, une jeune comédienne en plein devenir, est tout simplement époustouflante. Face à Hadrien Bouvier, tout aussi remarquable, elle porte impeccablement cette histoire sur ses épaules avec une violence psychologique inouïe et donne ainsi toute la force à son personnage.

Devant tant de qualités inattendues, ce cinéma d’auteur exemplaire laisse ainsi présager le meilleur pour l’avenir.
Projeté dans une seule salle parisienne, la deuxième semaine est certes déjà acquise. Mais n’attendez pas trop ! En effet, c’est au nombre d’entrées de la semaine qui vient que le destin de ce film dans les salles obscure risque de se jouer et il serait bien dommage de le découvrir sur votre écran de télévision… Mais il est de toutes les façons toujours dommage de découvrir un film de cinéma ailleurs que dans une salle obscure. Alors ne bouder pas votre plaisir, foncez !

Mr Vertigo